English : : : Leçons : : L'ordre de marche de la bateria brésilienne

La bateria (ou "batucada") est l'orchestre exclusivement composé d'instruments de percussion qui défile traditionnellement lors du Carnaval de Rio de Janeiro.

Compte tenu de la variété (souvent plus d'une dizaine différents) et du nombre d'instruments (d'une dizaine jusqu'à parfois plusieurs centaines (surtout à Rio)), il est impératif que les instruments marchent dans un ordre judicieux. Il n'existe pas de règle absolue et traditionnelle, mais pour ma part, je conseille de suivre un précepte d'acoustique simple, utilisé pour la disposition classique des orchestres symphoniques.

Ce principe est dicté par une constatation physiologique basique qui veut que plus une tonalité (fréquence sonore) est grave (basse), plus elle persiste dans les lointains à notre audition.Donc, plus le groupe est grand, plus ce décalage est perceptible et nécessite la disposition décrite schématiquement ci-après, plus pour faciliter la direction du chef, que pour le public, qui est placé sur les côtés et voit de toute façon passer chaque instrument devant lui (même si il préfère en général voir le groupe arriver (les visages des instrumentistes) que partir (leur dos)).

L'extrême distance d'écoute du chef peut être en plus accentuée par la nécessité longiligne de la file imposée par la route (le public est généralement placé sur les trottoirs). Si le Sambodrôme, l'avenue de Rio où a lieu le carnaval, est très large (un peu comme les Champs-Élysées de Paris), ce n'est pas le cas de toutes les voies où défilent des carnavals plus intimistes et informels de plus petites villes (surtout en France où le schémas des centres de ville suit souvent un tracé de ruelles médiévales chaotiques et sinueuses).

Le principe est donc le suivant : il faut placer le chef en premier (en avant) pour guider l'avancée du groupe (arrêt, vitesse, accélération et décélération de la marche). Le chef doit donc marcher à reculons pour toujours observer ses musiciens.

Les autres instruments sont rangés par catégories suivant un ordre allant du plus aigu au plus grave, à mesure que l'on s'éloigne du chef.

La tête sera donc constitué du chef (ce qui veut d'ailleurs dire " tête " en français et appelé "mestre (maître) de bateria" au Brésil) utilisant un apito (sifflet) voire répinique (certains chefs laisse le rôle de répinique chef à un membre de la section des répiniques), suivi immédiatement des shakers (instruments à secouer suraigus : chocalho (avec cymbalettes), ganza (avec grains), etc.), puis viennent les tamborims, puis les caixas (caisses claires, dont le timbre tend vers les aigus), puis les repiniques (sans timbres), ensuite, les instruments médiums et accordés (à notes plus précises : agogos, cuica, frigideira) et enfin, les surdos.

Le schémas présenté ci-après représente une bateria qui réunit toute la variété des instruments de défilé (à grande puissance sonore naturelle), avec un nombre de membres moyen (une vingtaine).

On peut agrandir le groupe en ajoutant des joueurs sur les côtés, et si la largeur de la rue du parcours ne le permet pas (c'est rare car les organisateurs choisissent généralement les avenues des villes) on peut doubler le nombre de rangées de chaque type d'instrument (en respectant l'ordre).

Il est de toute façon préférable que le groupe soit le plus compact possible et que l'espace entre chaque musicien soit donc minimal, pour apporter une musique homogène (car chaque type d'instrument exécute un rythme différent, traditionnellement, ce qui accentue l'aspect disparate).

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Notez enfin qu'il est mieux pour les joueurs de voir le chef (ce qui lui permet de faire des signes visuels, notamment en montrant les numéros des breaks avec les doigts), ce qui peut impliquer une disposition en quinconce des musiciens.

L'ordre de marche de la bateria brésilienne

Marc de Douvan, janvier 2006Remonter

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