Le mot tambour ("drum" en anglais du germanique "tromme" ("trommel" en allemand) probablement une onomatopée), vient du persan "tabir", mais on peut supposer que son invention est antérieure aux premières civilisations connues (on trouve déjà des représentations dans les bas reliefs antiques de Mésopotamie).
Les plus anciennes représentations connues viennent de fresques de tombes égyptiennes de la XIIème dynastie (environ 2500 ans avant Jésus-Christ). Elles sont associées à des fêtes profanes et des cérémonies religieuses (tambour est à simple peau collée, avec fût en bois ou terre). Des représentations assyriennes (environ 1000 ans plus tard) montrent des tambours digitaux à simple peau, fermés (en forme d'ogive) et à peau clouée.
Le tambour est généralement constitué de deux peaux tendues de chaque côté d'un cadre cylindrique ("fût" ou "caisse de résonance" de tambour). Les "dununs" mandingues rentrent donc dans cette catégorie, et sûrement dans sa forme la plus ancienne, car le fût est simplement taillé dans une pièce de bois massive (un tronc d'arbre).
Les tambours européens médiévaux (qui sont encore utilisés presque tels quels, dans les fanfares, batteries militaires et gardes nationales actuelles, de tous les pays du monde, avec parfois des versions modernes avec tirants à vis (Royaume-Uni)), sont réalisés avec une ou plusieurs feuilles de bois cintrées, collées, et laquées (vernies plusieurs fois), voire en métal (acier ou laiton (photo: tambour napoléonien d'époque, avec fût en laiton ("cuivre jaune") bosselé de l'aigle impérial et d'impacts de balles!)). Les cercles de tension sont également en bois et attachés entre eux par une corde passée en zig-zag d'un cercle à l'autre. Chaque portion de corde (ou "tirant") est groupée par deux par un rond de cuir ("coulant") qui rapproche ou non les tirants par coulissement et permet ainsi de régler la tension. La peau est originairement une peau d'âne ou de veau, mais on utilise maintenant plus souvent une peau de plastique recouverte d'un traitement granuleux (on parle de peau "sablée" en fait avec pulvérisation de peinture ("coated")).
Le timbre, cette ficelle tendue contre la peau de dessous (ou "peau de résonance"), est en boyau séché ou corde, à l'origine (comme les cordes d'instruments à corde). Ce système, qui fonctionne avec la résonance en "sympathie" de la peau de frappe, qui crée ce son si particulier de "crécelle", se retrouve sur les "bendirs", les grands tambourins digitaux marocains. On trouve aujourd'hui des timbres en acier, spiralées et groupés (sortes de "ressorts"), sous ce qu'on appelle les "caisses claires" ("snare drum" en anglais), qui ont un fût moins profond pour un son plus sec et précis, en orchestre, et faciliter la mise sur un pied, pour le jeu assis, en batterie moderne.
Le tambour est traditionnellement joué avec une ou deux baguettes en bois (en ébène avec embout de cuivre dans les batteries militaires de prestige), munies d'une olive (embout arrondi, pour faciliter le rebond), dont l'origine pourrait être chinoise.
Utilisé dès l'antiquité pour relayer des ordres militaires ou encourager les fantassins à la marche et marcher "au pas" (d'où le mot "marches" pour désigner les compositions musicales militaires, dont les premiers bataillons européens à l'utiliser furent des mercenaires suisses (qui firent partie intégrante de l'armée Française à partir de 1515, bataille de Marignan), dès le XVème siècle (photo ci-dessus: "Landsknechte": "paysans valets" ou "mercenaires" ou "lansquenets" en français (mercenaires allemands sur le modèle suisse), gravure par Daniel Hopfer, 1530)), le tambour sert aussi à rallier la foule pour les déclarations ou exécutions publiques, et parfois à accompagner les fêtes et défilés populaires (comme le carnaval: le "mardi gras", "la fête du printemps", d'origine païenne). Il est par contre interdit dans les églises, jugé trop "bestial" (violent et sensuel ("dansant"), associé symboliquement au "diable" dans les représentations, mais aussi aux musulmans).
Il faudra d'ailleurs attendre l'alliance avec les turcs Ottomans (François Premier), pour que l'usage des grosses caisses ("Davul" en turc, qui se jouent au départ avec deux baguettes (chez les turcs), une fine sous le fût, et une épaisse, au-dessus), timbales et cymbales turques (musique des janissaires (voir vidéo ci-dessus)) devienne à la mode dans les armées européennes, voire à la musique de cour (mais rarement avec tous les instruments réunis), avec des compositeurs modernistes comme Lully (en France), Mozart (en Autriche), Bach (en Allemagne) ou Haydn (en Angleterre), ce qui va de pair avec l'ouverture d'esprit et la curiosité du siècle des "Lumières". Certains troubadours (musiciens itinérants des cours médiévales) jouaient du tambour, d'une main, et de la flûte d'une autre. A la fin du moyen-âge, début de la mécanique, on trouve ce qu'on appelle des "hommes-orchestres", qui jouent de la grosse caisse (gros tambour) au moyen d'une cordelette attachée à un pied et une batte fixée à un axe de rotation. C'est l'ancêtre de la pédale de grosse caisse ("bass drum pedal"), premier accessoire qui fait de la batterie un instrument moderne (anciennement appelée "batterie de jazz" en France).
Au XIXème siècle, siècle de l'industrie, Hector Berlioz, compositeur et chef d'orchestre audacieux, introduit durablement la batterie militaire (sur le modèle turc: cymbales, grosse caisse, tambour et timbales) dans l'orchestre symphonique, pour enrichir la palette des timbres et apporter un caractère plus expressif, illustratif, populaire et anecdotique à la musique ("Symhonie fantastique", 1830). Cette introduction amène naturellement à une adaptation à la scène, par l'adjonction de pieds de tambours (trépied avec plateau pour la caisse claire, et cadre avec axe de rotation pour la grosse caisse, pour pouvoir la jouer verticalement ou horizontalement).
Aujourd'hui, quasiment plus aucune musique de film symphonique, ne se passe de la batterie militaire pour exprimer temps forts, accents et tensions dramatiques. Il ne s'agit plus de ne jouer que des marches, mais plus de créer des "effets" sonores, propres à faire le lien entre musique et bruitages, comme pour les premiers films de cinéma, déjà au temps du film muet, et plus tard avec Walt Disney, qui fera du lien entre musique (dont la batterie) et les images, un art accompli avec Mickey Mouse, qu'on nomme aujourd'hui le "mickey-mousing" (synchronisme images/musique au cinéma, inspiré de l'Opéra). C'est aussi au XIXème siècle que sont inventés les tirants à écrou, vis papillon ou à tête carrée (modèle le plus courant aujourd'hui (photo)), qui s'insèrent dans des cercles d'acier perforés et des coquilles d'acier vissées au fût, ou qui vont d'un cercle à l'autre (tiges filetées aux extrémités et écrous (système encore utilisé pour les tambours brésiliens: "repinique", "surdo", "caixa" (ou "tarolle": désigne une caisse claire à simple serrage), "cuica", etc.).
Avec la batterie de jazz, au début du XXème siècle, c'est sur tout un groupe de tambours différents que joue un seul batteur ("set" ou "kit" de batterie).
Dans les années 1970, certains batteurs (comme Billy Cobham (Mahavishnu Orchestra (photo)) ou John Bonham (Led Zeppelin)) utilisent de tous nouveaux tambours avec des fûts en plastique (transparents), au son plus "clair" et à l'esthétique plus "futuriste" (surtout si on place des "spots" en dessous).
Dans les années 1980, ère de l'électronique, on commercialise des tambours à capteurs électroniques (généralement en caoutchouc), qui sont reliés à une base informatique transmettant des sons synthétisés ou enregistrés, à des amplificateurs (enceintes ou casque, pour s'entraîner silencieusement).
Mais le manque d'expressivité du son et des gestes qui résulte de ce système, fait que les batteurs actuels préfèrent toujours utiliser des tambours acoustiques en bois ou en métal, quitte à les amplifier par des micros (un peu comme les guitares, par exemple, avec un micro isolé par tambour).
Certains modèles de certaines marques proposent même souvent un kit d'accessoires en plus (pédale de grosse caisse, pédale de charleston, voire un pied de cymbale suspendue). D'autres n'incluent pas la caisse claire, qui est souvent plus personnalisée chez les batteurs. Certaines marques proposent aujourd'hui des kits complets aux dimensions et configurations plus originales, notamment avec 4 voire 5 toms, qui est un standard assez courant en jazz-fusion, rock progressif ou heavy metal depuis les années 1970, mais obligeait jusqu'à lors à une fabrication customisée à la demande (très coûteuse et longue).
Pour vous aidez à vous constituer un set de batterie original, voir ma leçon: "Concevoir son set de batterie".
NB: Attention: toutes les qualités de ces bois dépendent aussi beaucoup des variétés utilisées, du climat d'origine et même de chaque arbre, de son traitement et de sa fabrication, donc je ne saurai trop vous recommander d'essayer les batteries et de les comparer avant d'en acheter une.
Finitions: tous ces bois peuvent être laqués avec plus ou moins de couches de vernis (plus il y a de couches, plus on gagne en clarté et résonance), avec coloration ou pas, voire carrément peints (se fait de moins en moins, appauvri le son, plus laid visuellement) ou juste poncés et recouverts d'un film plastique (batteries bas de gamme).
Vidéo montrant le processus de fabrication industrielle actuel des tambours de batterie moderne en bois, de la forêt à l'atelier de fabrication de Drum Workshop Inc.(DW Drums, USA).
Certaines marques proposent aussi depuis peu des fûts en métal martelés (bosselés), à l'imitation des cymbales, ce qui enrichit et assèche encore leur son.
Marc De Douvan Déc. 2005, revisé en Mars 2013
Sources indicatives et pour en savoir plus: site présentant des catalogues d'époque et photos de batteries anciennes: www.vintagedrumguide.com
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