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Les dununs

Le dunun est un tambour mandingue joué par batte de bois cylindrique. Les dununs jouent les parties de basse dans l'accompagnement des djembés. Mais le joueur de dunun joue généralement également d'une cloche de fer ("kenken"), en même temps, en indépendance, avec une petite baguette de fer, ce qui le rapproche du batteur de jazz (cymbale ride et caisse claire). La cloche est souvent fixée sur le fût du dunun, qui se place à l'horizontale par terre, sur un stand ou par une sangle passé sur une épaule.

Le dunun est également creusé dans un tronc d'arbre (comme le djembé) mais est de forme cylindrique (plus profond que large, un peu comme un surdo brésilien). Il est muni de deux peaux de vache (une à chaque extrémité, comme les tambours européens), et tendu par cordes et cercles de fer, comme les djembés.

Les dununs vont généralement par trois, avec une phrase différente, par dunun, pour chaque polyrythmie. De taille différente, et jouant en complémentarité (un peu comme les trois surdos brésiliens), ils constituent en quelque sorte la base mélodique, le "thème", de chaque polyrythmie (qui se développe généralement sur 8 temps: 2 mesures 4/4), avec la deuxième phrase de base des djembés (la première étant commune à toutes les polyrythmies, constituant ainsi une sorte de "marque" nationale mandingue). Ce thème mélodique est traditionnellement associé à une cérémonie ou une activité, voire une ethnie ou une caste sociale spécifique (baptème, circoncision, fiançailles, mariage, moissons, magie, divination, divertissement, danse, bienvenue, histoire ("griots": conteurs portant aussi dans leur mémoire l'histoire d'une ou plusieurs familles nobles), théâtre, vierges, femmes, "masques", clowns, danseurs virtuoses, paysans, cordonniers, féticheurs, guerriers, notables, célébrités, rois, etc.).

Le dunun grave, le plus grand, est appelé "dununba". Il est le plus important, celui qui persiste dans les lointains et fixe la base lente et régulière de la mesure, mais pas forcément les temps forts (il joue alors en "décalage"). Le dunun médium est appelé "sangban" et le plus petit, "kenkeni". Les phrases de cloches et les cloches qui leur sont associées (dans le même ordre de taille), portent le même nom.

Les joueurs de dunun jouent debout et se servent souvent d'une alternance de frappe étouffée (en plaquant la batte) ou résonnante, un peu comme les joueurs de surdo brésiliens (ils frappent systématiquement leur instrument au centre de la peau, contrairement aux joueurs de djembé).

Les phrases suivent souvent les toniques et basses des djembé, mais jamais totalement, ce qui crée une impression d'entrelacs propre aux polyrythmies (car il est plus aisé de jouer ou penser à l'unisson ou en complémentarité, ce qui ramène à une forme linéaire, mélodique).

Le joueur de dunun improvise souvent en introduisant des notes supplémentaires ou de légères variations (un peu comme les "breaks" des batteurs de jazz ou de rock).

Certains virtuoses du dunun, jouent de deux dununs en même temps, en passant de l'un à l'autre et en jouant les phrases de base des deux, mais toujours avec une seule cloche. Ses dununs sont parfois attachés par paire, par une corde. Les virtuoses du dunun sont rarement des virtuoses du djembé, et vice versa, compte tenu des différences de techniques de jeu (un peu comme les "timbales" par rapport aux "congas", en musique afro-cubaine).

Ecouter une démonstration en rerecording par moi-même, avec choix interactif des instruments (rythmes ou mélodies) que l'on veut entendre.

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