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Les pieds

Le pied ("stand" en anglais) est une des premières inventions associées à la batterie moderne. Il apparut au XIXème siècle grâce à Hector Berlioz, compositeur, chef d'orchestre et percussionniste révolutionnaire, qui intégra pour la première fois tous les instruments de la batterie militaire dans un orchestre symphonique avec une approche très "bruitiste" ("Symphonie fantastique", 1830).

Le pied de caisse claire

Le premier créé dans ce cadre fut le pied de caisse claire, pour permettre au percussionniste d'orchestre de passer sans difficulté d'un instrument à un autre (des timbales classiques, ou des cymbales à sangles, par exemple). Aujourd'hui, un pied de caisse claire est constitué de deux tubes télescopiques et d'une vis latérale, pour son réglage en hauteur, d'un réglage rotatif à crans (indéréglable) pour son orientation (très important pour l'ergonomie), d'un trépied (avec embase double (plus solide) ou simple) avec embouts en caoutchouc (antidérapants) et d'un panier réglable avec une vis et des ambouts en caoutchouc encore, pour enserrer toutes les tailles de caisse claire, sans les abîmer ou créer des bruits parasites.

Le pied de cymbale suspendue n'apparaît que dans les années 1930 avec l'âge d'or du jazz et l'apparition des "Big-Bands" (les premiers batteurs modernes, comme Warren "Baby" Dodds, suspendaient la cymbale à une barre en "L" ("potence" fixée à la grosse caisse et commercialisée un temps) avec la sangle d'origine).

Le pied de charleston

La pédale de charleston, qui est aussi un pied, a été créée dans les années 1920 avec la "sock cymbal" ("cymbale chaussette"), plus basse, mais ne verra sa version définitive haute, pour le jeu conjoint des mains et des pieds, que dans les années 1930 également (elle est décrite dans le chapitre consacré aux cymbales charleston et celui consacré aux pédales).

Les pieds de cymbales

Des modèles encore plus récents de pieds de cymbale, sont munis d'une "perche" (barre horizontale réglable dans toutes les directions, pour compenser l'encombrement du trépied au sol).

Plus tard encore apparaît la double embase au niveau du trépied (quelque soit le type de pied), pour une plus grande solidité et stabilité.

Tous les pieds possèdent des embouts en plastique ou en caoutchouc, pour adhérer au sol et ne pas l'abîmer, et un trépied rétractable, pour le transport.

Notez qu'un trépied doit faire un angle de 45° avec le sol, pour une répartition des forces, un encombrement au sol et une stabilité optimale.

Le "rack" est l'invention la plus récente. Variante du pied, il se propose de remplacer le système de trépied individuel (par instrument), en disposant au moins quatre pieds verticaux, reliés par des tubes horizontaux sur lesquels peuvent se fixer des attaches de tom, des tiges pour les cloches ou des extensions de perches de cymbale (Horacio "El Negro" Hernandez, par exemple, se sert souvent de ce type de configuration, pour son set étendu). L'inconvénient est d'avoir une implantation plus "rigide" (prédéterminée) des instruments, l'avantage, moins de pieds au sol qui peuvent se gèner les uns les autres et ne sont pas forcément très esthétiques et surtout, des emplacements repérés (attaches ("clamps") des extensions vissées au rack) contrairement aux pieds posés pour chaque instrument individuellement au sol.

L'extension de perche est un tube avec perche de cymbale, attachable à un pied de cymbale, un rack, ou tout autre tube, grâce à un "clamp" (voir à "attaches").Il existe aussi des extensions de pied de cymbale fixables dans le prolongement de la tête (au niveau de la vis), pour aligner deux cymbales l'une au dessus de l'autre (il est conseillé de mettre une cymbale plus petite au dessus, pour ne pas gêner le jeu de celle du dessous).

Tous ces derniers systèmes ont l'avantage de réduire l'encombrement des pieds au sol, mais permettent moins de liberté dans l'installation de son kit. C'est pourquoi beaucoup de batteurs actuels ne les ont pas adoptés (pour ma part, je ne me sers que de deux extensions de perche, pour deux "splashs").Notez aussi que l'on peut économiser encore un pied de cymbale et de la place au niveau du set, en positionnant une petite splash à l'envers sur une cymbale plus grande, en ajoutant une rondelle de feutre entre les deux (c'est ce que font Dave Weckl ou Jack de Johnette depuis plusieurs années, par exemple, ainsi que moi-même).

Le pied de caisse claire a vu différentes évolutions, pour aller vers une consolidation et une plus grande possibilité de réglage. Aujourd'hui, un bon pied de caisse claire doit pouvoir orienter la caisse claire dans toutes les directions (rotation verticale et horizontale indépendante, voire rotule), permettre un réglage de hauteur varié (grâce à deux tubes télescopiques et une vis de serrage robuste), un trépied rétractable (pour faciliter le transport) pas trop grand (pour éviter l'encombrement au sol, au niveau des pédales), et avoir une vis de serrage du panier (3 barres avec crochets recouverts de caoutchouc) pour maintenir la caisse claire, quelque soit son diamètre.

Les pieds de cymbale sont toujours tubulaires et télescopiques (avec une voire deux extensions) pour régler la hauteur et permettre de les rétracter pour le transport.Ils sont munis à leur extrémité d'une rondelle d'acier, surmontée d'une épaisse rondelle de feutre, pour que la cymbale puisse être posée sans faire de bruit ou être abîmée et puisse "flotter" librement. Une vis passe à travers se système (dont l'orientation est réglable par un axe de rotation cranté et vissé par un écrou papillon), sur laquelle on embroche les rondelles précitées, puis la cymbale, puis une autre rondelle de feutre (voire une deuxième rondelle d'acier) et enfin le tout, serré par un écrou papillon. Je déconseille de visser cet écrou à fond, afin de laisser la cymbale vibrer et bouger librement, ce qui améliore sa résonance et sa durabilité. Certains modèles de pied sont munis d'une "butée" tubulaire en plastique entourant la vis de quelques centimètres, ce qui est bien pratique pour éviter un serrage intempestif tout en évitant le dévissement (voire la chute) de l'écrou.

Le réglage de cette "tête" de pied doit se faire avec un système à "crans", sinon, soyez assuré que votre cymbale le fera se dérégler en quelque coups de baguette (tous les modèles récents de qualité minimale en possède un).

Enfin, certaines perches de qualité possèdent un contrepoids à l'opposé de la tête, voire une extension télescopique et ou une "bague mémoire" (voir à "attaches").

Un dernier type de pied a fait son apparition récemment, qui permet d'adapter une cloche de vache ou n'importe quel petit instrument (tambourin, wood-block, etc.) à une pédale de grosse caisse, pour le jouer avec le pied (on le place en général, à gauche du hi-hat). Déjà utilisé par Tito Puente pour jouer le rythme de la "clave" en indépendance, Akira Jimbo, Robby Ameen ou Horacio "El Negro" Hernandez, on popularisés et poussés à fond son utilisation dans les années 1990.

Il se constitue d'une tige télescopique en "L" pour accrocher l'instrument à la verticale, d'un socle pour accrocher la pédale et de deux "minis pieds" à l'image de ceux d'une grosse caisse, pour empêcher le recul (mais moi qui en fait l'usage depuis 5 ans, je vous conseille de le disposer contre un pied du charleston, pour plus de sécurité).

Horacio Hernandez, Vince Cherico et Robby Ameen l'utilisent avec une cloche de vache, Terry Bozzio et Marco Minnemann l'utilisent avec un tambourin et Akira Jimbo, avec un "jam block".

Cet instrument est à mon avis une des meilleures innovations récentes de la batterie, pour amener à une diversification des techniques de jeu. Il permet enfin au pied gauche de passer sur divers pédales pour jouer de différents instruments, un peu comme pour les mains, au lieu de se cantonner au charleston, et permet une variété de timbres améliorant la lisibilité polyrythmique, pour le jeu en indépendance (on comprend aisément que jouer en indépendance avec les pieds seulement, avec une double pédale de grosse caisse, n'avance pas à grand chose, sur le plan sonore). De plus, cette variété de timbres permet de nouvelles imitations et adaptations de polyrythmies traditionnelles, qui constituent un des principes Remonter compositionnels de base de la batterie moderne (imitation de la batucada, en samba, d'un groupe de percussionnistes cubains, en latin-jazz, etc.). Ecouter une démonstration de clave au pied gauche en indépendance avec ce stand, dans mon solo audio de 2004 ou mon solo video de 2016.